Munch ou "l'anti- cri" à la Pinacothèque

Publié le par Coline Courdesses



Munch ou la passion du tourment.

"En vérité, mon art est une confession que je fais de mon plein gré, une tentative de tirer au clair, pour moi-même, mon rapport à la vie"   Munch

"Qu'est ce que l'art, sinon, en fait, le reflet des insatisfactions de la vie" Munch

C'est une des premières fois qu'est réalisée en France une exposition de grande ampleur entièrement dédiée à Edvard Munch. La Pinacothèque sous l'égide de son directeur Marc Restellini relève le défi de doter son exposition uniquement avec des toiles provenant de collections particulières, donc pour la plupart peu connues du grand public, du moins jamais admirées.
L'objectif de l'exposition est clairement affiché dès le premier panneau explicatif: découvrir Munch à rebours de son oeuvre capitale "Le Cri", qui "oblitère" selon Marc Restellini le reste de son parcours (propos que nuancent d'autres historiens de l'art).

En effet, Munch, véritable peintre-caméléon, s'imprègne des courants picturaux dont il va faire la découverte (l'impressionnisme, le naturalisme, le symbolisme...) lors de ses voyages successifs. N'hésitant pas à faire fructifier la "couleur locale" (les grands paysages scandinaves, les joyaux du Nord), il se positionne en peinture comme un artiste qui sans cesse dépasse les limites des mouvements dans lesquels il tire son inspiration pour leur donner son empreinte, sa marque de fabrique, imprimant ses mythes personnels et ses angoisses ontologiques dans les affres d'une production picturale résolument cathartique.

Vie, amour, doute, mort,  la "Fresque" picturale de toute une existence.

Edvard Munch naît en 1863. Très tôt, il doit faire face à la pauvreté, à la maladie, à la perte de la mère puis de la soeur (Sophie). C'est ce traumatisme originel, véritable scène primitive qui hante l'imaginaire pictural de Munch, qui va construire l'itinéraire d'un artiste en proie à l'angoisse, à la crainte du vide, au doute métaphysique.
Il s'installe à Christiana (anciennement Oslo) dans les années 1880 où il fréquente "la Bohème", cercle libertaire insurgé contre le puritanisme et le conservatisme bourgeois.

Il part à Paris après avoir obtenu une bourse de voyage grâce au parrainage du peintre Fritz Thaulow.
Munch va être séduit par l'impressionnisme, le naturalisme puis le symbolisme.

http://2.bp.blogspot.com/_IammknslWV8/S5pB4pLHHnI/AAAAAAAACW4/q2SjwxwlxjQ/s320/Akerselva+Edvard%2BMUNCH+pinacotheque%2Bde%2Bparis++des%2Bvertes%2Bet%2Bdes%2Bpas%2Bmures+blogspot.jpg   Akerselva (1881)
http://www.latribune.fr/img/37-1444839-150x9999-0/munch-femme-au-chapeau-rouge-sur-le-fjord.jpg  Femme au chapeau rouge sur le Fjord (1891)

Munch est hanté par des thèmes qui reviennent comme des leitmotivs: la mort, la maladie, l'alcoolisme... Le peintre évolue vers le symbolisme. Il se concentre sur des motifs obsessionnels (comme l'amour lié au mal, la femme- vampire, la femme tentaculaire, le cycle vie-mort ou encore l'angoisse existentielle). Il donne son impulsion au mouvement expressionniste et ce dès les années 1890 tout en gardant son identité propre.

http://blogsimages.skynet.be/images_v2/002/557/086/20071206/dyn010_original_406_550_jpeg_2557086_b84b80990a947e3049ada5f63f32aa39.jpg  Madone (1896)
"La mort donne la main à la vie et une chaîne s'établit ainsi entre les milliers de races disparues et les milliers de celles qui viendront"  Munch
http://1.bp.blogspot.com/_IammknslWV8/S5pCNTPXgkI/AAAAAAAACXI/AYkylsVTSys/s320/Le%2Bbaiser+Edvard%2BMUNCH+Pinacoth%C3%A8que%2Bde%2BParis++des%2Bvertes%2Bet%2Bdes%2Bpas%2Bmures+blogspot.jpgLe Baiser (1895)

S'amorce "La Fresque de la vie" ou "Frise de la vie" englobant la plupart des toiles célèbres de Munch dont "Le Cri". Cette "Frise" apparaît ainsi comme "un poème de vie, d'amour et de mort".

C'est alors le chemin vers la modernité qui se déploie jusqu'en 1908, année où Munch sombre dans une dépression nerveuse suite à sa rupture amoureuse avec Tulla Larsen.

http://www.pixelcreation.fr/fileadmin/img/sas_image/galerie/art/edvard-munch/edvard-munch-01.jpg Vêtements étendus à Asgardstrand (1902)
Un traitement des couleurs et des formes proche du fauvisme.
Un tableau qui souligne avec force la "bipolarité" de l'oeuvre de Munch oscillant entre obscurité et lumière, entre tourment et vision d'un idyllisme primitif.

Véritable lieu matrice, Munch possédait une petite maison de pêcheurs à Asgardstrand, source d'inspiration picturale.


http://actualite.benchmark.fr/depeche/une/photo_1266601018585-1-2diaporama448x500.jpg Nuit d'été à Studenterlunden (1899)
Simultanéité de baisers près du "cyprès".

A partir de 1908, ses thèmes évoluent. Très influencé par la photographie et le cinéma muet, ses toiles deviennent des instants figés, voués à l'éternité où la dissolution des formes et des motifs est de plus en plus remarquable.

http://4.bp.blogspot.com/_IammknslWV8/S5pClExrQmI/AAAAAAAACXg/ZzxfHmcSwKQ/s320/Nu%2Bpleurant+Edvard%2BMUNCH+pinacotheque%2Bde%2Bparis++des%2Bvertes%2Bdes%2Bpas%2Bmures+blogspot.jpg Nu pleurant (1914-19)

Dès 1916, Munch s'installe à Ekely. Il renouvelle ses procédés picturaux avec ce qu'il appelle "le traitement de cheval" infligé à ses toiles qu'il abandonne sous la pluie ou la neige dans ses ateliers de plein air.

http://3.bp.blogspot.com/_IammknslWV8/S5pCsCECbnI/AAAAAAAACXo/LNUGHUrW9E0/s320/nuit%2Bd%27hiver+erdvard%2BMUNCH+pinatocheque%2Bde%2Bparis+des%2Bvertes%2Bet%2Bdes%2Bpas%2Bmures+blogspot.jpg  Nuit d'hiver (1923)

Une très belle exposition, très documentée et retraçant avec force l'itinéraire du peintre. Elle permet surtout de découvrir des toiles de collections particulières. 
Cependant, on ne peut s'empêcher d'être frustré face à l'absence du "Cri" ou du moins d'une de ses répliques car cette toile, par l'imaginaire fantasmatique qu'elle recouvre, le climat d'angoisse qu'elle instaure, est un outil implacable permettant la confrontation à son propre néant, au vertige de l'angoisse, permettant l'expulsion de soi, violente mais nécessaire, d'une vision d'horreur et de peur. Et c'est cela que tente de matérialiser visuellement "le cri".

découvrez les vidéos de l'exposition...
extraits du DVD, on y voit de nombreuses toiles :)


  Interview de Marc Restellini



Pinacothèque
28 Place de la Madeleine    Paris 8ème

Publié dans Expositions

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P
<br /> Je n'ai pas encore eu le temps d'y aller mais je vais le prendre à coup sûr. J'apprécie votre façon de présenter ces sujets. Merci. A bientôt, je vais chercher la Newsletter pour ne rien manquer !<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Bonjour,<br /> <br /> C'est via une communaute parisienne que j' arrive sur ton blog<br /> Voici dix jours que j' ai commencé le mien que je concentre sur Paris à "ma façon". Un blog tout simple<br /> Je t'invite ainsi que tes lecteurs à aller le visiter<br /> merci<br /> Moondown<br /> <br /> <br />
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